Au début de l’automne, nous vous proposons une sortie insolite, à la découverte de nos trésors d’outre-tombe : celle de nos cimetières !

Dans les Baronnies, vous pourriez rencontrer des cimetières atypiques. Lieu de prédilection des balades dominicales en famille au XIXe siècle, aujourd’hui les cimetières conservent toujours leurs allures poétiques où viennent se mêler art et histoire. Il est vrai que selon l’heure de votre sortie ils peuvent devenir lugubres.

Notre aventure commence au Poët-Sigillat, l’un des quatre « poët » de la Drôme, le cimetière est accolé à l’église Saint Martin et situé au pied de l’ancien castrum. Construit en hauteur sur une butte, on y accède par des escaliers en pierre. L’endroit semble suspendu dans le temps : les tombes s’affalent les unes sur les autres sans que leurs stèles ne s’écroulent par terre pour autant. Parfois elles sont installées les uns sur les autres, par manque de place. On y croise toutes sortes de sépultures : des croix en fonte ou en fer forgé, des petites stèles en pierre, certaines avec des plaques en marbre gravées, quelques dalles tumulaires, etc. Les dates qui y sont inscrites montrent que le cimetière fût actif dès la fin du XIXe et le resta jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle. Des médaillons aux couleurs de la patrie commémorent les soldats morts pour la France lors de la Première Guerre Mondiale. On retrouve beaucoup de cœur en métal émaillé : cet objet est utilisé jusqu’au commencement de la Seconde Guerre Mondiale, les derniers que l’on retrouve en France datent des années 1950, comme c’est le cas ici. Parfois des fleurs en céramique viennent ajouter une touche de couleur.  Le lieu est recouvert par les pissenlits, cette petite fleur jaune qui évoque le soleil et qui rend ainsi l’endroit plus chaleureux.

@Rébecca Lamarque

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Nous allons ensuite à Mérindol-les-Oliviers, au pied du château, on trouve un ancien petit cimetière clôturé d’un muret de pierre et fermé par une grosse porte en bois. Celui-ci, adossé à la colline est entouré de vignes et de genets. Accessible à tout moment, il dévoile aux visiteurs ses tombes qui datent toutes de la fin du XIXe siècle. Les stèles de pierre possèdent différents ornements et des épitaphes, des noms que le temps a effacés. Sur l’une d’entre elle, un cœur gravé en bas-relief vient faire écho à la plaque en métal apposée sur la stèle, de laquelle on ne peut plus que lire « pose, Philome, rd ». Bien sûr, on peut imaginer qu’« ici repose Philomène ». Beaucoup de pierres tombales sont tombées, de nombreuses croix mortuaires ont disparu mais bien que l’endroit semble abandonné, la végétation n’y a pas tout à fait repris ses droits. L’endroit est très bien entretenu et conserve un charme authentique. On erre entre les tombes, probablement sur, à l’ombre des amandiers.

C’est au pied du château médiéval construit sur un rocher, au centre du village que le cimetière de La Roche-sur-Buis s’élève. Accolé au musée J.F.Layraud, implanté dans l’ancienne chapelle des Pénitents blancs du XVIIe siècle, ce cimetière a la particularité de mêler sépultures et plantes. En effet, les tombes visibles parmi la végétation luxuriante forment un jardin des simples. L’hortus medicus en latin, est un lieu où on cultive des plantes médicinales appelées également des « simples » ou plantes officinales. C’est en 1988, que l’ancien cimetière s’est transformé également en jardin lors du projet de restauration de la chapelle.

@Rébecca Lamarque

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L’entrée se fait par une porte en bois sur laquelle est placée une pancarte où est inscrit : « Passans priez pour nous et pensez à vous ».

Après avoir poussé la porte, une merveilleuse surprise vous attend : ce cimetière est un vrai havre de paix. Son allure à la fois romantique et médiévale vous transporte dans un autre temps. Pour parfaire à ce lieu d’outre-temps, une fontaine et un banc vous accueille au milieu des morts : entre les plantes et le son de l’eau coulante, cet endroit est finalement bien vivant !

Une autre particularité distingue ce cimetière des autres : on y retrouve deux couronnes mortuaires en perle de verre, très bien réalisées.

Notre aventure se termine à Saint-May, le cimetière domine le village perché sur un éperon rocheux. Installé dans les murs de l’ancien château, il est accessible par celui qui gravit les marches qui y mènent. Une fois arrivé devant, on trouve un panneau qui attend et prévient : « Passants, vous serez un jour ce que nous sommes, respectez-nous ». L’entrée se fait par une ancienne arcade en pierre. Le tout est clôturé par des murets en pierre, remontés à certains endroits. À l’intérieur, on découvre les vestiges d’un mur de l’ancien château. Les allées sont bien délimitées, et les tombes semblent rangées par mobilier funéraire : croix en fonte avec ou sans médaillons, plaques en marbre, stèles sculptées, etc. Au fond, un Christ sur la croix veuille au repos des morts.

Nous n’avons plus qu’à vous souhaiter une bonne visite, six pieds sous terre !

« Les hommes qui ont dressé le mur du cimetière et aménagé la porte auraient pu la laisser ouverte vers le ciel.


Peut-être pour qu’elle ressemblât tout à fait à l’entrée d’une demeure, ils l’ont close en haut, d’une pierre. »


René Barjavel, à propos du cimetière de Tarendol