Montbrun-les-Bains classé parmi les plus beaux villages de France, est un village perché typique des Baronnies Provençales. Ses très hautes maisons si caractéristiques, on compte parfois jusqu’à 7 étages, constituaient l’ancien rempart. On parle alors de village citadelle ou forteresse.

Pour accéder au village médiéval il faut emprunter des « calades », ces rues pavées typiques de Provence qui s’appuient contre un mur en pierres sèches. La pierre étant un matériau de prédilection en Provence, les calades représentent une solution pratique pour le revêtement des rues. Construire une calade représente un véritable savoir-faire : le caladeur doit maîtriser les proportions du mélange de sable gris et de ciment, ou mieux de chaux hydraulique, plus écologique, pour que les galets ne bougent pas lorsque l’on marche dessus. Mais son savoir-faire ne s’arrête pas la: les pierres sont posées à la main, doivent être à niveau et présenter une surface arrondie, sans aucune aspérité.

© OTBDP

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Autrefois la partie centrale de la ruelle était creusée pour permettre l’écoulement des eaux usées. D’où l’expression « tenir le haut du pavé », pour marcher sans se salir, il fallait passer sur la partie haute de la rue !

Au détour d’une calade on découvre l’église de Montbrun-les-Bains et son retable classé.

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L’église de Montbrun-les-Bains a beaucoup souffert au moment des Guerres de Religion.  Presque intégralement reconstruite au XVIIe siècle, elle est transformée en un édifice baroque dont la plus belle image est le retable monumental en bois doré qui orne le chœur. La partie sculptée est attribuée à Jacques Bernus, sculpteur originaire de Mazan.

Ce retable soutenu par 4 colonnes torses garnies de fruits et orné d’angelots joufflus est un véritable théâtre liturgique chargé de rappeler aux croyants le dogme catholique et la hiérarchie de l’église. On remarque ainsi à gauche de l’autel un buste  du pape et à droite celui d’un évêque.

Cet ensemble est construit autour d’une peinture attribuée à Pierre Parrocel, un peintre avignonnais. Marie est ici représentée en Vierge de miséricorde, protégeant de son manteau bleu le pauvre et le soldat. Cette représentation est courante à l’époque baroque car elle est une métaphore de la société de l’époque très marquée par les nombreux conflits et épidémies. Pour le peintre il s’agit de signifier que tous peuvent trouver refuge sous sa protection.

Sur les côtés ; deux niches. A droite, Saint Laurent et à gauche Saint Benoit de Nursie : fondateur de l’ordre des bénédictins au VIe siècle.

En reprenant l’ascension, on arrive au château qui surplombe le village et est vu de loin à la ronde.

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Ce château est lié à l’histoire du seigneur du village au moment des Guerres de religion : Charles Dupuy Montbrun. En effet, c’est parce que ce dernier s’est converti au protestantisme et a commencé à ravager le territoire des Baronnies que les troupes du Roi de France s’emparent du village et détruisent entièrement le château en 1560. Il sera reconstruit en quatre ans par le même Charles Dupuy Montbrun. Ce château de type Renaissance était considéré en son temps comme l’un des plus beaux et des plus importants du territoire. Son déclin est lié à celui des Dupuy-Montbrun, transformée en bien national, il est vendu à la Révolution française. Aujourd’hui c’est une propriété privée.

En redescendant, on arrive à la Place du Beffroi, lieu emblématique de Montbrun-les-Bains où il fait bon boire un verre ou admirer la vue.

 

Cette place porte le nom du beffroi, ouvrage défensif militaire du XIIIe siècle qui est encore remarquablement bien conservé. Ainsi, son mâchicoulis, ouvrage défensif en encorbellement qui permettait par les ouvertures de jeter des projectiles sur l’ennemi est parfaitement visible. La voute ogivale en arc brisé de conception gothique est encore pourvue de son coulisseau de herse.

Il est aujourd’hui privé de sa toiture en bois, remplacé par un campanile et ses cloches.

En redescendant, la rue Notre-Dame, on aperçoit en contre-bas, le Château des Gipières (à gauche), grande bâtisse aux murs jaunes qui est en fait l’ancien établissement thermal, Montbrun-les-Bains possédant des sources d’eau soufrée.

© Archives départementales

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En 1865, après avoir acheté les sources, le Marquis d’Aulan fait construire un établissement thermal sur le modèle de celui de Baden Baden. Il comportait 50 cabines de soin et pouvait loger jusqu’à 100 personnes. On comptait alors 2 hôtels à Montbrun : l’hôtel Bounin (à droite) et l’hôtel Reynaud (au milieu), à la place de l’actuelle entreprise Reynaud.

Les thermes ont connu un vif succès avant que la Première Guerre mondiale ralentisse puis stoppe son activité. Les soins ne reprendront jamais en ce lieu jugé vétuste. Un nouvel établissement est construit en 1987 et remanié en 2006.